Léon XIV – Entre la presse, la pauvreté et le soupçon

 

Léon XIV – Entre la presse, la pauvreté et le soupçon



Résumé en anglais

In Spain and beyond, media reactions to Pope Leo XIV’s first exhortation Dilexi te reveal deep divisions. While El País unexpectedly defends him, critics accuse the text of reheating Francis’s social themes. Meanwhile, voices within the Church question who truly divides the faithful: the Pope, or his interpreters?


Article

C’est un étrange renversement de rôles. Voilà qu’El País, grand quotidien de gauche espagnol, se découvre une âme pontificale et entreprend de défendre Léon XIV. Ironie de l’histoire : ce même journal, aux côtés de The Guardian, Le Monde ou La Repubblica, avait jadis fait de Benoît XVI sa cible favorite, l’incarnation d’un catholicisme rigide, fossile et embarrassant.
Aujourd’hui, le ton a changé : on absout Léon XIV, on l’absout d’avance. Le monde à l’envers : la gauche progressiste plaide pour le pape conservateur.

L’objet du débat ? Dilexi te, premier grand texte de son pontificat, signé le 4 octobre — jour de la Saint-François, ce qui n’est pas qu’un hasard liturgique. Officiellement, une exhortation sur l’amour des pauvres ; officieusement, une réécriture à peine voilée d’une encyclique préparée sous François. Les observateurs grincent des dents : la “charité sociale” tourne à la ritournelle. Mais Léon XIV, lui, persiste : aimer les pauvres n’est pas une idée ; c’est une obéissance au Christ.

Autour de lui, les commentateurs s’écharpent. Les uns dénoncent une continuité bergoglienne déguisée, les autres y voient le signe d’une fidélité intelligente : ne pas rompre, mais purifier. Dilexi te prend ainsi des allures d’héritage retravaillé — moins sentimental, plus doctrinal, comme si Léon XIV voulait sauver la substance d’un message égaré dans le verbe.

Mais derrière les querelles médiatiques se profile un débat plus grave : qui divise vraiment l’Église ? Est-ce le pape, ou ceux qui exploitent ses mots pour justifier leurs camps ?
Le père Santiago Martín, figure espagnole respectée, a posé la question avec franchise : “Les divisions ne naissent pas des papes, mais de la manière dont on les lit.”
Et peut-être touche-t-il juste : à force de juger chaque texte à l’aune des luttes culturelles, on oublie la dimension mystique de la parole pontificale – celle qui, au-delà du tumulte, cherche encore à rappeler que le Christ a aimé le monde avant d’être compris de lui.

Ainsi s’esquisse la silhouette paradoxale de Léon XIV : un pape que la gauche protège, que la droite soupçonne, que les médias scrutent avec des lunettes idéologiques. Et au milieu de tout cela, un homme qui, envers et contre tous, continue d’écrire — non pour plaire, mais pour aimer.


Points importants en anglais

  • Media reversal: El País unexpectedly defends Leo XIV, reversing earlier hostility to Benedict XVI.

  • Dilexi te: seen as continuation of Francis’s social themes, focusing on love for the poor.

  • Internal Church debate: who divides the Church – the Pope or his interpreters?

  • Tone: Leo XIV emerges as both bridge and paradox – criticized, yet defended.


Sources

  • El País (Madrid) – “El Papa y el eco de Francisco”

  • Benoît & Moi, dossier sur Dilexi te et la presse espagnole (oct. 2025)

  • Religión en Libertad – analyse du père Santiago Martín

  • La Repubblica, Le Monde, ABC España – réactions contrastées à Dilexi te

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