Léon XIV — Entre la vérité éclatée et l’Église écartelée
Léon XIV — Entre la vérité éclatée et l’Église écartelée
Résumé en anglais
In late October 2025, Pope Leo XIV faced rising controversy after declaring that “no one possesses the whole truth.” Traditional commentators like A.M. Valli saw in his words the symptom of a Church sliding toward relativism. Meanwhile, the Italian Synodal Assembly embraced an inclusive, peace-oriented document, and thousands gathered for the ancient Latin Mass in St. Peter’s — an unexpected counter-sign of fidelity and longing for clarity.
Article
Quelque chose se fissure au cœur de la catholicité italienne.
La semaine du 24 octobre aura montré deux visages : celui d’une Église qui cherche à plaire au monde — et celui d’un peuple qui, silencieusement, s’accroche à la Tradition.
L’Assemblée synodale italienne s’est achevée dans une euphorie d’inclusion, adoptant un texte intitulé Levain de paix et d’espérance. Tout y était : ouverture, dialogue, fraternité universelle. Tout, sauf la croix. Le vaticaniste A.M. Valli, l’un des rares à oser le dire, y voit « le signe d’une Église en route vers son propre suicide » : un christianisme sans exigence, où la foi se dilue dans l’émotion collective.
Et voici que Léon XIV, s’adressant le lendemain aux équipes synodales, prononce une phrase qui fait grincer les dents :
« Personne ne détient toute la vérité ; nous devons la rechercher ensemble. »
Phrase anodine pour les uns, tragique pour les autres. Car que devient la Vérité si personne ne la détient ?
Les papes, depuis Pierre, n’ont pas revendiqué de posséder la Vérité, mais d’en être les gardiens. Entre l’humilité sincère et la confusion doctrinale, la frontière est fine. Ce glissement sémantique, sous couvert de dialogue, inquiète ceux qui craignent un retour du relativisme : une Église qui doute de sa propre lumière pour ne pas froisser l’obscurité.
Pendant ce temps, un autre monde catholique s’est donné rendez-vous à Rome. Le 26 octobre, des milliers de fidèles ont afflué dans la basilique Saint-Pierre pour le pèlerinage Summorum Pontificum. Le cardinal Burke y a célébré, pour la première fois depuis six ans, la messe selon la forme extraordinaire.
Ironie de l’histoire : au moment même où l’on répète qu’« il faut avancer ensemble », la foule se tourne vers l’arrière — non par nostalgie, mais par fidélité. L’Église synodale se rêve moderne ; le peuple, lui, cherche le sacré.
Entre ces deux pôles, Léon XIV avance, ni tout à fait Bergoglien, ni tout à fait Ratzingérien. Ses gestes de miséricorde séduisent ; ses phrases, parfois, déroutent. On se demande alors : qui est vraiment Léon XIV ? Est-il l’héritier d’un François fatigué ou l’auteur discret d’un recentrage à venir ?
Ses discours, souvent écrits à plusieurs mains, laissent transparaître deux voix : celle du pasteur qui écoute, et celle du théologien qui hésite à trancher.
Pourtant, il reste un fil rouge : la recherche d’un équilibre impossible entre la vérité et la tendresse. Mais, comme le rappelait Merry del Val dans ses Litanies de l’humilité, « c’est la vérité qui sauve, pas la popularité. »
Points importants en anglais
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Synodal Assembly (Italy): document Leaven of Peace and Hope seen as excessive adaptation to the world.
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Papal statement: “No one possesses the whole truth” sparks theological concern.
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Latin Mass: massive attendance at St. Peter’s for the Summorum Pontificum pilgrimage.
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Identity question: who truly shapes Leo XIV’s discourse?
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Tension: between mercy and relativism, dialogue and doctrine.
Sources
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AM Valli, “Il suicidio della Chiesa italiana”, 27 octobre 2025.
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Benoît & Moi, dossier “Inquiétant: personne ne détient toute la vérité.”
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Messa in Latino, “Summorum Pontificum 2025: il ritorno del popolo del rito antico.”
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Marco Tosatti, notes sur le symposium Bergoglio/Prevost.
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La Nuova Bussola Quotidiana, analyse sur la réception de Levain de paix et d’espérance.
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