🕊️ Léon XIV, 133 voix : une élection invalide ? Réponse à une lecture biaisée de Universi Dominici Gregis

 

🕊️ Léon XIV, 133 voix : une élection invalide ? Réponse à une lecture biaisée de Universi Dominici Gregis




Publié sur Praedicatho le 16 mai 2025, l’article intitulé « L’élection du cardinal Prevost (Léon XIV) est nulle à cause de la Constitution UDG de Jean-Paul II » avance une thèse sérieuse en apparence : l’élection serait invalide, car 133 cardinaux ont voté, alors que la Constitution Universi Dominici Gregis (UDG), au n°33, limite ce nombre à 120.

Mais derrière cette rigueur apparente, le raisonnement repose sur une interprétation juridiquement discutable, historiquement contredite, et théologiquement périlleuse. Voici pourquoi.


⚖️ 1. La règle des 120 : une norme disciplinaire, non invalidante

Voici le texte du n°33 de UDG :

« Le nombre maximum de cardinaux électeurs ne doit pas dépasser cent vingt. »

La formule est certes directive — « ne doit pas » — mais elle n’est pas assortie d’une clause de nullité, contrairement à d'autres articles de la même Constitution (par exemple, le n°76 sur la majorité requise).

👉 Elle n’établit pas une condition de validité, mais une règle administrative. C’est une limite de bon sens, non un impératif dirimant.


🧠 2. La pratique de l’Église contredit cette lecture rigide

Jean-Paul II lui-même a créé plus de 120 cardinaux électeurs, tout comme Benoît XVI, tout comme François.

S’il avait voulu que jamais plus de 120 cardinaux votent, il aurait prévu un mécanisme d’exclusion, de suspension temporaire ou de tirage au sort — ce qu’il n’a pas fait.

➡️ Conclusion : l’Église n’a jamais interprété ce chiffre comme une limite absolue.


👥 3. L’autorité d’interprétation revient au Collège des cardinaux

L’article 5 de UDG est clair :

« S’il s’élève quelque doute ou quelque controverse, le pouvoir d’interpréter appartient au Collège des cardinaux. »

Et que s’est-il passé en mai 2025 ?
Les cardinaux, en connaissance de cause, ont procédé à l’élection avec 133 votants.
Aucune opposition, aucune objection officielle. L’unité a été préservée.

Ce n’est donc pas une « violation de la loi », mais une interprétation collégiale de sa portée. Et l’Église catholique vit aussi d’une tradition d’interprétation vivante, non d’un fétichisme juridique.


⛪ 4. La réception ecclésiale comme sceau de la légitimité

Une élection est validée dans l’Église par sa réception universelle. Or :

  • L’ensemble des évêques a reconnu Léon XIV.

  • Le peuple chrétien prie « pour notre pape Léon » dans les messes.

  • Aucune Église particulière n’a élevé de doute canonique.

Si cette élection était « nulle et non avenue », pourquoi toute l’Église l’aurait-elle reçue comme valide ?


🛑 5. Dérives du juridisme : vers une Église paralysée ?

Faire reposer la validité d’un pontificat sur 13 bulletins de trop, c’est réduire la papauté à un comptage administratif. C’est croire que le salut de l’Église dépend de la parfaite application mécanique d’un nombre, alors que l’Église vit de la grâce, de la Tradition et de la communion visible.

Un tel raisonnement conduit :

  • À contester tous les papes récents,

  • À isoler des fidèles dans un soupçon permanent,

  • À fragiliser l’unité déjà blessée de l’Église.


✍️ Conclusion : l’Église n’est pas un tribunal notarial

Oui, l’élection de Léon XIV s’est faite avec 133 électeurs.
Mais non, cela ne l’invalide pas. La Constitution Universi Dominici Gregis n’est pas transgressée, elle est appliquée avec discernement, comme le prévoit son propre texte.
Et surtout, la Tradition vivante de l’Église a confirmé cette élection par sa réception unanime.

On peut regretter certains styles, on peut avoir des réserves théologiques, mais accuser Rome d’avoir trahi la papauté pour 13 sièges de trop, c’est se tromper de combat.

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